Une veuve et un veuf se croisent, un jour, par hasard, au détour des allées du cimetière où ils se rendent quotidiennement ou presque, afin de conserver intact le souvenir qui les lie à leurs chers disparus. Cette pièce pour deux personnages s’est imposée à nous dès la première lecture, un coup de foudre : son écriture parfaite, ronde et directe, le comique qui jaillit d’une situation à priori solennelle (il s’agit d’une rencontre dans un cimetière).
Le Collectif L’isba Lit Les Veufs De Louis Calaferte
4 et 5 novembre a 19h à Artif – av Kennedy – Arles
6 novembre a 20h30 Théâtre de la Calade – Arles
De 1960 à 1969 Calaferte a été journaliste de grand reportage et producteur à l’O.R.T.F / Lyon, et en 1972 il crée sur France-Culture deux pièces, Into et Point.
Il y a chez cet auteur un univers radiophonique que le collectif a envie d’explorer.
Ainsi, avant d’aborder la création du spectacle, nous démarrerons par un écouter voir, une mise en bouche, une lecture mise en espace, dans un appartement.
Ce rapport intimiste est une expérience que Catherine Krajewski avait envie de proposer à Henri Payet, et à ses compagnons du collectif, François De Bortoli créateur son et Jean-François Veran musicien, et ce, orchestrée par le metteur en scène, José Renault, un amoureux de cet auteur.
Pourquoi louis calaferte ?
Louis Calaferte fait partie de ces auteurs de théâtre dont les textes, d’une extrême précision dans l’écriture (parfaitement adaptée à l’expression scénique), n’en restent pas moins accessibles à tous les publics. Il évoque et provoque ce que chacun peut ressentir dans bien des circonstances connues.
Jean-Pierre Miquel, qui s’est attaché à mettre en scène plusieurs de ses textes, voyait en son théâtre « un nouveau théâtre populaire, dont on rêve tant, parce qu’il nous touche très tout simplement en provoquant notre rire et notre émotion en même temps. C’est un théâtre de la confidence, qui parle à chacun de soi-même, qui éveille l’œil et l’écoute de tout spectateur à l’étrangeté de son quotidien, apparemment banal » (Jean-Pierre Miquel, Théâtre Revue Programme)
De surprise en surprise
Mettre en scène un texte de Louis Calaferte c’est aller de surprise en surprise. Rares sont les auteurs de théâtre qui font jaillir avec une telle facilité autant de détours malicieux. Son théâtre fait partie des plus belles pages du théâtre français. Comme dans L’amour des mots, Les veufs distillent cette force du verbe propre aux grands dramaturges. Aucune phrase, aucun mot n’est laissé au hasard. Calaferte savait déposer dans la bouche des acteurs la réplique juste ou inattendue, empreinte de cet humour tellement humain que respire toute son œuvre.
José Renault, metteur en scène
Un comique désespéré
« En hypothèse d’école, on peut hasarder qu’il y a trois théâtres chez Calaferte : l’intimiste, issu de Jules Renard, le Baroque, encore inédit, et le Verbal, issu de Ionesco peut-être. Ces trois directions ont en commun un extraordinaire sens du comique désespéré, et une inquiétante acuité de regard sur les Hommes de notre monde. »
Théâtre Revue 2 Programme, Jean-Pierre Miquel, metteur en scène
Une Écriture d’entomologiste –
« C’est Jean-Pierre Miquel dont je fus l’assistant qui m’a fait connaître l’œuvre de Louis Calaferte, avec laquelle j’entretiens une relation régulière et indispensable à ma réflexion sur la vie en général et le théâtre en particulier. J’aime ce misanthrope, amoureux de l’humain, cet indomptable vagabond, cet éternel colérique enthousiaste. Je crois comme lui en la vertu salvatrice d’un comique devant la dérive grossière d’une société de mensonge, d’avidité, de lâcheté et de bêtise. Chacun se retrouve dans son théâtre. Parce qu’il met à jour des comportements du genre humain qui ne sont ni datés, ni localisés, il atteint une forme d’universalisme. C’est une écriture d’entomologiste. »